BLACKBERRY SMOKE: You Hear Georgia
Voilà la question que beaucoup de monde se pose : que vaut le dernier album de Blackberry Smoke ?
Et sans attendre, voici une des réponses possibles : ce disque risque d’engendrer des avis partagés.
Pourquoi ? Parce que même après une écoute attentive, on ne sait pas vraiment quoi en penser.
Allez, on va commencer par le côté positif.
On apprécie toujours la chaude voix sudiste et la guitare « laid back » de Charlie Starr (qui sont les principaux attraits du groupe). « Live it down » swingue bien avec une rythmique légèrement funky et un solo de guitare écorché. La chanson « Delilah » est illuminée par une très bonne slide guitar. On a aussi droit à une chanson country lente à laquelle participe le « country singer » Jamey Johnson (« Lonesome for a livin’ »).
À part la basse et la batterie, la ballade americana « Old enough to know » propose des arrangements essentiellement acoustiques (guitares sèches, piano). Le rock rapide « All over the road » balance un bon solo de slide.
Mais c’est surtout la ballade country rapide « Ain’t the same » qui retient l’attention. Il est dommage qu’il n’y ait pas de solo à proprement parler, seulement quelques phrases de guitare répondant à des descentes harmoniques. Malgré ce défaut, c’est incontestablement la meilleure chanson de l’album (c’est sans doute pour cela que le groupe l’a mis en avant-première sur son site internet).
Maintenant, le côté négatif.
Les musiciens de Blackberry Smoke s’entêtent toujours à enregistrer des morceaux poussifs au tempo moyen et aux relents de blues-rock lourdingue qui se révèlent rapidement ennuyeux : « You hear Georgia » (dont le solo aurait pu être un peu plus recherché), « Morning side », « Old scarecrow » (malgré quelques colorations sudistes). Quant au laborieux blues-rock aux accents pop « All rise again », il n’est même pas sauvé de la banalité par la présence de Warren Haynes (on se demande d’ailleurs ce qu’il fait là).
Et puis, on n’est pas vraiment ébloui par les solos de six-cordes qui, selon les titres, devraient être plus percutants ou plus mélodieux (et pourtant, les guitaristes connaissent leur boulot). Sans parler des harmonisations de guitares qui sont rarissimes.
Tout cela engendre un sentiment de frustration avec une production où le bon côtoie le passable.
Le dernier disque de Blackberry Smoke se révèle donc assez moyen dans l’ensemble, encore une fois en raison de ces morceaux pesants sans réelle inspiration. Il serait peut-être temps que le groupe se ressaisisse.
Maintenant, cet album ravira sans doute les fans du groupe et tant mieux pour eux. Cependant, il laissera les rockers sur leur faim (n’évoquons même pas les amateurs de rock sudiste, Blackberry Smoke ne s’illustrant pas dans ce style musical).
Olivier Aubry